Chapelles, manoirs, moulins… Le petit patrimoine de la Rance témoigne de l’histoire unique de cette région. Ici, les paysans des terres sont devenus marins un peu par hasard, embrigadés par les riches navigateurs de Saint-Malo qui avaient besoin de bras sur leurs bateaux de pêche. Un héritage maritime à découvrir depuis les côtes terrestres de l’estuaire des bords de Rance.
Le saviez-vous ? La grande pêche à Terre-Neuve crée alors une demande importante en matière de construction et de réparation de navires. Saint Malo dispose de cales de construction en quantité suffisante mais n’a rien en matière de réparation. Un homme intelligent, François Lemarchand, a décidé de moderniser l’outillage et les méthodes de travail. Il a créé en 1905 une cale sèche permettant à marée haute, aux hommes du chantier de faire entrer le navire qui, à la mer baissant, venait reposer sa quille sur la pile de tins, pendant qu’ils l’accordaient sur les parois de la cale. Les portes étaient alors fermées et calfatées et ils pouvaient travailler au sec sur le bateau.
Ses dimensions sont impressionnantes : 45 mètres de longueur, 10 mètres de largeur et 5 mètres de hauteur. L’ouvrage en bois, unique en son genre, est resté très proche de sa conception originale après 12 ans de restauration. Il s’agit d’un monument probablement unique en Europe par sa taille et son architecture. Depuis 1996, elle est inscrite au titre des monuments historiques.
Sur les bords de Rance, l’église Saint-Pierre, en forme de croix, fut érigée au 14ème siècle. Elle a conservé de cette époque de superbes sculptures, comme les feuilles de vigne que l’on peut admirer sur le bénitier. Au fil des siècles, elle est le théâtre de nombreux remaniements : peintures murales aux 15ème siècle, installation d’un clocher au 18ème siècle, etc. Saint-Pierre de Taden est inscrit aux Monuments Historiques de France depuis 2012.
À quelques pas, l’histoire de l’église est intimement liée à la construction du manoir de la Grand Cours, demeure des seigneurs de Taden, qui remonte au début du 14ème siècle. L’occasion pour les visiteurs de découvrir les caractéristiques de l’architecture bretonne de cette époque. Ce « logis porche » était à la fois destiné au logement et aux défenses. Il allie donc des éléments militaires et des espaces honorifiques, comme l’ancienne salle haute du 1er étage, particulièrement remarquable.
Parce que la Rance ne serait pas la même sans ses bateaux, son petit patrimoine met aussi à jour les plus beaux vaisseaux de son histoire. Le commandant O’Neill ne fait pas exception. Cette vedette des années 30 s’appelait à l’origine AB1. Jusqu’en 2005, alors que André O’Neill, fils du commandant Jean O’Neill la rachète et la rebaptise comme ultime hommage à son père, officier dans la Marine. Classé Monument Historique, le bateau de 20,68 mètres navigue à 10 nœuds et pouvait accueillir 150 passagers… Aujourd’hui, il propose des excursions privées sur la Rance après sa restauration.
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